samedi 24 mars 2018

L'Appel du néant

Auteur : Maxime CHATTAM
Editeur : Albin Michel
Parution : 2 novembre 2017
Nombre de pages : 528








Ludivine Vancker et ses collègues de la section de recherches de Paris enquêtent sur un tueur insaisissable dont les traces ne permettent pas son identification. Lorsque les services secrets français décident de participer à la résolution de l'affaire, les mots tueur en série et terrorisme sont associés.





















Ce que j'en ai pensé


J'ai abordé ce troisième tome de la série consacrée à Ludivine Vancker, avec un mélange d'impatience et d'appréhension. Impatience, comme chaque fois que je commence un Chattam, parce que j'adore ses intrigues, ses univers et sa plume si visuelle, vivante et fluide, et appréhension parce que le terrorisme n'est pas un thème qui m'attire particulièrement, et que je n'avais pas entendu que du positif de ce nouvel opus (et même du très négatif, parfois). Apparemment, certains lecteurs ne l'ont pas du tout apprécié, et ne s'en sont pas cachés.

Personnellement, je n'ai pas compris cette colère qu'ils ont ressenti. J'ai trouvé que c'était un excellent "cru", bien dans la lignée des deux précédents tomes. 

Alors, effectivement, c'est beaucoup moins gore et glauque, et c'est peut-être ça qui a gêné les "aficionados" du genre. Mais personnellement, ça, je ne vais pas m'en plaindre. Et effectivement, on peut se demander, éventuellement, pourquoi il mêle le terrorisme islamiste à ses histoires de tueurs en série, mais après tout, pourquoi pas. 

D'autant plus que d'une part, j'ai trouvé que c'était admirablement amené et traité, et que d'autre part, le terrorisme fait malheureusement partie des fléaux de notre monde actuel, et que dans sa recherche de toutes les formes possibles du Mal - qu'il poursuit de roman en roman -, l'auteur ne pouvait pas passer à côté de cette forme-là. Même si, bien sûr, les motivations et l'état d'esprit des terroristes n'ont rien en commun avec ceux des psychopathes que l'on a l'habitude de croiser dans ses autres romans.

Par ailleurs,  c'est captivant, intéressant et très instructif (on apprend énormément de choses sur le fonctionnement des réseaux terroristes, leurs modes de recrutement, d'endoctrinement et d'action ainsi que sur les moyens et les méthodes des services de police et de renseignement qui luttent contre ces réseaux), et je ne m'y suis pas ennuyée une seule seconde. Ce qui est somme toute le plus important quand on lit un thriller.

En effet, j'ai trouvé qu'il y avait tous les éléments indispensable au genre : une bonne intrigue de base, une enquête tortueuse et complexe à souhait, de l'action, du suspense et des rebondissements, et, cerise sur le gâteau, beaucoup moins de désespoir et beaucoup plus de chaleur humaine que ce que l'on a pu lire dans les précédents tomes. 

A ce sujet, il faut souligner que Ludivine a fait un gros travail sur elle-même depuis la dernière enquête, dans le but de s'humaniser, d'essayer de se défaire de cette armure de froideur et de volonté qu'elle s'était créée pour entrer dans la tête des tueurs et être ainsi d'une efficacité redoutable, mais qui l'avait transformée en une machine à enquêter et à traquer, l'avait rendue imperméable à toute émotion et l'empêchait d'apprécier les aspects agréables de la vie.

Ayant prit conscience qu'il était vital pour elle de ne pas continuer à avancer dans cette voie pleine de ténèbres qui pouvait l'engloutir de façon irréversible, elle est partie se ressourcer au calme pendant de longues semaines, ce qui lui a permis de se retrouver et de regagner peu à peu son humanité. Désormais, même si cela peut la rendre plus sensible et plus fragile, elle est bien décidée à apprécier ce que la vie peut lui offrir et à laisser parler son cœur et ses émotions en-dehors de son travail. 

Ces changements font d'elle un personnage beaucoup plus sympathique qu'avant, ce que j'ai bien apprécié. Et bien sûr, il y a toujours ses deux collègues, Segnon et Guilhem, que l'on apprend à connaître de mieux en mieux au fil des tomes et que je trouve vraiment attachants, chacun à sa façon, avec une petite préférence pour Segnon, qui a une place très importante dans la vie et le cœur de Ludivine, remplissant à la fois les rôles de meilleur ami et de grand frère, tour à tour (sur)protecteur, garde-fou et confident.

Un nouveau personnage apparaît dans ce tome, Marc Tallec, agent des services de renseignements français, qui va aider Ludivine et ses collègues à résoudre cette affaire compliquée, dans laquelle un tueur en série et des terroristes semblent être liés, ce qui n'est pas vraiment habituel. J'ai beaucoup apprécié ce personnage, car non seulement c'est lui qui apprend à Ludivine (et à nous par la même occasion) tout ce qu'il faut savoir sur les réseaux terroristes, mais en plus, il est intelligent, ouvert et chaleureux. D'ailleurs, Ludivine ne reste pas longtemps insensible à ses charmes, ce qui ajoute encore un autre aspect "positif" à ce roman.

Alors, que l'on se comprenne bien : je ne suis pas en train de dire que Chattam s'est brusquement transformé en écrivain de romances ou de livres "feel-good". Je dis juste que c'est moins sanglant et lugubre, et que ses personnages principaux en prennent un peu moins plein la tronche que d'habitude. 

Mais il n'empêche que cette histoire est dure et stressante, et qu'elle fait froid dans le dos car elle nous montre l'envers du décors, tout ce que l'on ne verra jamais dans les émissions de télé, mais qui est pourtant bien réel ; tout ce que l'on soupçonne sans savoir si notre imagination dépasse la réalité ou au contraire, si elle est loin de la rattraper. Dans ce roman, on sent que Chattam a fait un travail de recherche extraordinaire sur le terrorisme, et si, parfois, on a l'impression que certains dialogues sont un peu plaqués, un peu artificiels, mis là uniquement dans le but de permettre à l'auteur de placer tout ce qu'il a appris sur le sujet, cela ne m'a pas vraiment gênée, parce que c'est tout simplement passionnant.

Parallèlement à l'enquête, il y a des chapitres courts, écrits en italique, dans lesquels on suit un personnage dont on ne connaîtra jamais le nom, que l'on appellera simplement Djinn tout le long du roman, et dont on comprend rapidement que c'est un terroriste. Dans ces chapitres, on nous raconte toute sa vie, et nous voyons le long processus qui l'a conduit à devenir un être d'exception, d'une intelligence et d'une culture rares, un électron libre dans l'immense toile que constituent les réseaux islamistes du monde entier, mais qui est néanmoins destiné à jouer un rôle capital et terrible.

 Et là où l'auteur dévoile tout son talent, c'est qu'il réussit le tour de force qui consiste, non pas à nous rendre ce personnage sympathique, mais à nous montrer son humanité. En retraçant son parcours, nous pouvons voir qu'au départ, c'était un enfant certes un peu spécial, dans le sens où il était capable du meilleurs comme du pire, mais aimant sa famille (surtout sa mère), et que c'est vraiment la vie et ses injustices qui l'ont amené à être ce qu'il est devenu. 

Encore une fois, et j'insiste là-dessus pour qu'il n'y ait pas de malentendus, je pense que ces passages ne sont absolument pas destinés à nous faire apprécier ce personnage ou à lui trouver des circonstances atténuantes, mais qu'ils nous montrent simplement comment notre monde, ses guerres et ses horreurs peuvent fabriquer des hommes tels que lui. En tout cas, c'est comme cela que je les ai perçus.

Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé que tous ces "interludes" étaient non seulement très instructifs, mais qu'ils apportaient un excellent contre-point à l'enquête, nous transportant ailleurs et sous un autre point de vue pendant quelques instants à chaque fois, ainsi qu'une touche de poésie et d'exotisme.

Quant au final, l'enquête est bien sûr bouclée, mais de surcroît, Chattam a réussi à maintenir le suspense et la tension jusqu'au bout, et rien que pour cela, c'était un pur régal.


Conclusion : Un roman que j'ai vraiment apprécié, contre toute attente. Tout en étant un peu différent des 2 précédents tomes de la série, de par son sujet, il n'empêche que c'est un excellent roman, qui fait froid dans le dos.
A travers l'intrigue, riche en suspense et action, on apprend énormément de choses et j'ai adoré ça.
Une très bonne lecture, donc.


Ma note : 17/20




Cette lecture rentre dans le cadre des challenges :




























4 commentaires:

  1. Je ne sais toujours pas si ça peut me plaire mais tant mieux si toi tu as su l'apprécier =)

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    1. En tout cas, c'est beaucoup moins que glauque que le Thilliez qu'on a lu. Et je pense que tu pourrais aimer.

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    2. ça c'est cool, même si j'avoue que les livres sur les terroristes ne m'attirent pas des masses en se moment, mais en tout cas je le garde à l'esprit on sait jamais ^^

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    3. Moi non plus, ce sujet ne m'attire pas du tout. C'est bien pour ça que je disais que Chattam est fort : parce qu'il a réussi à me faire aimer un livre qui traite d'un sujet que j'évite, en principe. ;-)

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