mercredi 8 juin 2016

La colline aux esclaves

Auteur : Kathleen GRISSOM
Editeur : Pocket
Parution : 7 avril 2016
Nombre de pages : 528








États-Unis, 1791. Lavinia, jeune orpheline irlandaise, se retrouve domestique dans une plantation de tabac. Placée avec les esclaves noirs de la cuisine, sous la protection de Belle, la fille illégitime du maître, elle grandit dans la tendresse de cette nouvelle famille. 
Cependant, Lavinia ne peut faire oublier la blancheur de sa peau : elle pénètre peu à peu dans l'univers de la grande maison et côtoie deux mondes que tout oppose. Jusqu'au jour où une histoire d'amour fait tout basculer... Le petit monde de la plantation est mis à feu et à sang, de dangereuses vérités sont dévoilées, des vies sont menacées... 









Comme je vous en parlais ici, ma copinaute Sélène et moi-même participons au challenge Livra'deux pour pal'Addict. Ce challenge consiste à sélectionner trois livres dans la PAL de notre binôme. Celui-ci choisi lequel des trois il lira et chroniquera. Sélène et moi avons choisi de lire les trois livres que chacune à choisi pour l'autre. 

Ce livre est le premier que m'a choisi Sélène. Et pour elle, j'avais choisi Une autre idée du silence, de Robyn CADWALLADER, et sa chronique est ici.





Ce que j'en ai pensé



Ce genre de romans m'attire irrésistiblement pour deux raisons : tout d'abord, parce que les histoires d'esclaves m'intéressent, malgré qu'elles soient souvent très dures et tristes. En effet, la notion même d'esclavage est totalement intolérable, pour moi ; je ne peux pas concevoir que l'on achète des êtres humains comme des objets et qu'ensuite on les traite pire que des animaux, que leur vie ou leur mort ne compte pas, qu'on se fiche de ce qu'ils ressentent, qu'on ne les considère même pas comme des êtres humains à part entière... Du coup, ces histoires-là me révoltent et me passionnent à la fois.
La 2e raison, c'est le côté romantique de ces grandes plantations du sud, le côté "carte postale", avec les grandes maisons blanches, les femmes avec les grandes robes, façon Scarlett O'Hara...

Et ici, on a tout ça, et plus encore, puisqu'il y a un élément un peu original : le personnage principal est une petite fille blanche orpheline - qui va grandir et devenir une magnifique jeune femme - qui est amenée en tant que domestique et est élevée par les autres domestiques noirs de la "grande maison" - comme ils appellent la maison des maîtres - et les considère comme sa famille. 

Il s'agit d'un récit à deux voix, les chapitres alternant le point de vue de la petite fille, et celui de Belle, la fille illégitime - et métis - du maître de la plantation, à qui l'orpheline est confiée pour qu'elle l'aide en cuisine. Mais les deux points de vue n'ont pas du tout la même proportion. La quasi-totalité du livre est racontée par Lavinia, la petite orpheline blanche, et les chapitres consacrés à Belle ne font que 2 ou 3 pages maximum, et sont surtout là, je pense, pour apporter des éclaircissement au lecteur sur des faits qu'il est indispensable de connaître, mais que Lavinia ignore.

La plume est fluide, très agréable, et riche à la fois. Au début, le style est très simple, car Lavinia n'a que 6 ans quand elle arrive à la plantation, et elle est complètement perdue. Elle a perdu la mémoire, et n'arrive plus à s'alimenter. Puis, au fur et à mesure que son état s'améliore, puis qu'elle grandit, son language devient plus riche et les phrases plus complexes. Pour cela, le roman est très bien conçu.

C'est une histoire très forte et bouleversante, passionnante, qu'on ne peut plus lâcher une fois commencée. Les personnages sont tous intéressants et très très bien campés.

Du côté des esclaves, ils forment tous une grande famille extrêment soudée et solidaire. On ressent un immense amour entre tous ces personnages, et une générosité extraordinaire. Et un courage fantastique, aussi. Ils acceptent et supportent des choses intolérables pour continuer à vivre tous ensemble, ne surtout pas être vendus ou séparés et garder leur statut de "domestiques de la grande maison" et ne pas retourner au quartier des esclaves (ceux qui travaillent dans les champs et dont la vie est infiniment plus dure). Ils se protègent les uns les autres, s'entr'aident, et ils acceptent immédiatement cette petite fille inconnue et blanche, la considérant comme l'une des leurs. Tout le roman est rempli de cet immense attachement réciproque entre Lavinia et cette famille. Et je crois que c'est ce côté-là qui m'a fait autant aimer ce roman.

Mais si tous les noirs sont bons, honnêtes et courageux, tout en ayant un caractère bien trempé, tous les blancs ne sont pas pour autant des monstres cruels et injustes. En fait, il y a trois personnages réellement malfaisants, et ils font beaucoup de mal autour d'eux, mais les autres sont justes et plutôt ouverts, et même certains vraiment bienveillants, ce qui équilibre un peu les forces et donne de la crédibilité au récit. 

Le personnage de Lavinia est le plus travaillé, bien sûr, puisqu'elle est l'héroïne. Ce qui la caractérise le plus, c'est son attachement à sa "famille", son innocence et sa timidité, même à l'âge adulte. 

Sa fidélité, sa loyauté et son affection pour les siens la rendent extrêmement attendrissante et sympathique.

Mais elle ne se rend pas bien compte de certaines choses, et même quand elle a des doutes, n'ose pas poser de questions, ce qui l'amène à mal interpréter des événements ou des conversations entendues, et ainsi à se convaincre de choses fausses. 

De même, elle est assez naïve et tombe dans des pièges que l'on a senti venir de loin. Et ceci m'a souvent agacé, au cours de ma lecture. Car à cause de ces traits de caractère, elle fait les mauvais choix, qu'elle regrette amèrement par la suite. J'ai eu souvent envie de la secouer pour lui ouvrir les yeux ou l'obliger à se battre quand elle baissait les bras. J'ai trouvé qu'elle subissait trop passivement ce qu'il lui arrivait. D'ailleurs, avec leur franchise caractéristique, les esclaves diront d'elle que c'est "une adulte avec un esprit d'enfant". Elle compte toujours sur sa Mama noire pour la protéger, alors qu'avec son statut de femme blanche, c'est elle qui devrait les protéger et les défendre.

La Grande maison est un personnage à part entière, car elle a une place énorme dans le récit et tous les protagonistes y sont extrêmement attachés, les noirs comme les blancs.

Le récit est captivant et on ne s'ennuie pas une seconde car il se passe énormément de choses. Des choses très dures et tristes, mais il y a aussi des événements heureux, beaucoup de joies, et surtout beaucoup, beaucoup d'amour.


Conclusion : Un roman passionnant, bouleversant, sublime, avec des personnages incroyablement attachants et inoubliables. Une histoire de courage, de solidarité, d'amour, qui montre que ce n'est pas la couleur qui compte mais les liens du coeur.

Ma note : 18/20







3 commentaires:

  1. Il a vraiment l'ai bien. Je vais le noter dans ma wish list!

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  2. J'ai lu une chronique il y a quelques semaines qui allait dans le même sens ! Je sens que je vais l'acheter très vite, j'aime tellement les fictions historiques !

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    1. Moi aussi, j'aime beaucoup les romans historiques ! J'espère que tu l'aimeras autant que moi ! :-)

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