mercredi 4 avril 2018

Les Loups de Belleville

Auteur : Sergueï DOUNOVETZ
Editeur : French Pulp
Parution : 18 janvier 2018
Nombre de pages : 249





Les loups sont entrés dans Paris...

Quand un de ses potes se fait dessouder, Nestor Burma l'a plutôt mauvaise. 
Alors il décide de reprendre l'enquête de Niki Java, son ami journaliste, histoire de connaître la vérité. 
Et quand Burma commence à crier au loup, il est de bon ton de faire profil bas chez les néo-fascistes...
















Ce que j'en ai pensé


Tout d'abord, je dois préciser que je n'avais jamais lu auparavant aucune des enquêtes de Nestor Burma écrites par Léo Malet, le créateur de ce personnage. Par conséquent, je n'avais aucun a priori et je ne m'attendais à aucune "patte" en particulier. Mon regard était complètement neuf, et peut-être cela a-t-il contribué à me faire apprécier ce roman. 

De plus, avec ces nouvelles enquêtes, on n'est plus dans le Paris des années 50. On est en 2018, donc dans la "modernité". Et pourtant, le ton est toujours gouailleur et typique du parler parisien populaire, tout en étant assez recherché et sans aucune vulgarité, comme j'imagine que devait un peu l'être le ton des "vrais" Nestor Burma.

Car voilà ce que j'ai vraiment "kiffé" dans ce roman : c'est son ton, son style. Que ce soient les dialogues ou les pensées de Burma (puisque tout le récit est raconté à la première personne, de son point de vue), c'est léger, c'est drôle, c'est foisonnant de jeux de mots et d'argot... Parfois un peu trop, d'ailleurs, mais cela n'a pas gâché mon plaisir. J'avais l'impression de lire un roman à mi-chemin entre San Antonio et Fred Vargas. Si vous aimez ces deux auteurs, vous pouvez imaginer mon régal !

Il faut dire que Nestor Burma est un personnage hors du commun, avec son immuable décontraction (apparente) et son humour (pas toujours apprécié) même dans les situations désespérées, son insolence nonchalante et son faible pour les femmes (en particulier sa secrétaire). 

Son univers, c'est Paris, qu'il connaît comme sa poche. Il tutoie le chef de la DGSE, et a des rapports compliqués et plutôt tendus avec la nouvelle "patronne" du 36, Quai des Orfèvres, qui n'est autre que la fille de celui qui l'a précédée à ce poste et avec lequel Burma s'entendait beaucoup mieux. 

Alors quand il commence à enquêter sur la mort de son pote Nikki Java, qui est officiellement mort d'une crise cardiaque, elle ne voit pas ça d'un très bon œil, car pour elle, un détective privé n'est personne et ne devrait surtout pas se croire capable de faire le travail des policiers. Mais ce qu'elle pense, Nestor n'en a cure, et continue son enquête comme si de rien n'était. Le problème, c'est que celle-ci va le propulser au beau milieu de la lutte entre Turcs et Kurdes, qui mènent leur combat en plein Paris à coup d'assassinats et de trafics humains, et que ça, Nestor, ce n'est pas tellement son rayon. Pour tout dire, cela le dépasse même un peu.

Surtout que tout ce beau monde n'a vraiment pas le sens de l'humour et a la gâchette sensible. Et que, pour couronner le tout, les Services secrets français essayent que tout cela fasse le moins de vagues possibles. Autant dire que les questions et la "merde" que soulève Burma ne les arrange pas tellement.

Cela n'arrange personne, d'ailleurs, et sa disparition ferait plaisir à plusieurs personnages très peu sympathiques. Malheureusement pour eux, il a la tête dure, Nestor, et puis il a de la suite dans les idées, et il déteste qu'on s'en prenne à des femmes, qu'elles soit Kurdes ou de n'importe quelle autre origine. De plus, Nestor a des alliés fiables et efficaces, il connaît son métier, est rusé comme un renard et surtout, il a beaucoup de chance. Du coup, il s'en sort toujours. Mais n'est-ce pas le propre du héros ?   

Je dois avouer que, contre toute attente, et bien que le sujet de l'enquête ne soit vraiment pas ma tasse de thé, je l'ai dévorée et je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. Mieux, j'ai (presque) tout compris des tenants et aboutissants. En fait, j'ai tout compris de l'intrigue elle-même, mais comme je ne connais rien aux problèmes des Turcs et des Kurdes (quoi que, maintenant, j'en sache un peu plus), j'étais un peu paumée, du moins au début.

Mais l'auteur a réussi à me faire m'intéresser à ce sujet, du moins suffisamment pour comprendre qui étaient les gentils et les méchants, même si, dans ce genre de conflit, personne n'est tout noir ou tout blanc, et c'est bien ce qui fait leur complexité.

Toujours est-il que l'enquête avance à grands pas, que Burma soulève des lièvres gros comme des maisons (même que parfois il en est le premier surpris) et met de grands coups de pieds dans cet énorme sac de nœuds, et que ça fait des dégâts. Lui, les questions de diplomatie, ce n'est pas son problème. 

Mais attention, je ne suis pas en train de dire que Nestor Burma est un gros bourrin qui distribue des baffes à tour de bras et tire dans tous les sens pour obtenir ce qu'il veut. Au contraire, l'air de rien, il pose les questions qui dérangent, fouine partout et bénéficie de l'aide de personnages qui lui donnent les infos dont il a besoin au bon moment.

Parmi ceux-ci, il y a sa secrétaire, bien sûr, Kardiatou, une superbe jeune femme, fille de Miss Sénégal 1985, dont Burma est raide dingue mais avec laquelle il ne veut pas franchir la "limite", pour qu'elle reste son fantasme absolu à tout jamais. Non content d'être belle, celle-ci est intelligente, a de la répartie et un sacré caractère. Mais c'est bien les qualités minimum requises pour travailler pour un tel détective ! Elle est donc d'une aide précieuse pour Burma, lui dénichant des infos qu'il n'avait parfois même pas pensé à lui demander de chercher, et lui rendant mille et un petits services, comme toute secrétaire irremplaçable qui se respecte. En tout cas, une grande complicité et une grande affection les lient, même s'ils ne se l'avouent pas.

Le deuxième personnage incontournable de ce roman (et apparemment, de la série), est un jeune kabyle issu des "quartiers", Mansour, vrai pote de Nestor, toujours là en cas de besoin ou de coup dur. Très intelligent et geek hors pair, il complète efficacement Nestor dans le domaine de l'informatique. De plus, étant un peu dealer et voleur à ses heures perdues, il a des contacts dans un peu tous les milieux, ce qui s'avère souvent très utile.

J'ai beaucoup aimé ces deux personnages, qui vouent visiblement une affection et une loyauté sans faille à Burma. De plus, leur spontanéité, leur impertinence toute en humour et finesse et leur caractère bien trempé, chacun à leur façon, les rend extrêmement sympathiques.

Paris est également un personnage à part entière, et je pense que l'on doit encore plus apprécier ce roman quand on connaît bien ses rues et ses arrondissements, mais quand ce n'est pas le cas, comme moi, cela n'est pas du tout gênant pour la compréhension de l'histoire.


En bref, ce premier tome des Nouvelles enquêtes de Nestor Burma se révèle une très bonne lecture. L'intrigue en elle-même évoque des faits d'actualité dramatiques, mais le ton employé et le style de l'auteur réussi à leur supprimer en partie leur aspect terrible, sans minimiser leur gravité. L'enquête proprement dite est effectuée par Nestor Burma avec une certaine légèreté, son côté "vieux jeu", charmeur et impertinent donnant toute son ambiance à ce roman. Et tant pis si certains coups de chance ou retournements de situation nous semblent un peu tirés par les cheveux. Le principal est qu'on se régale, et qu'on en redemande !


Conclusion : J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman, plus pour son style, son ton et ses personnages que pour l'enquête elle-même qui, bien que menée tambour battant par notre "détective de choc", ne traitait pas d'un sujet qui me passionne. C'est surtout les dialogues entre les personnages, ainsi que les pensées de Nestor Burma, que j'ai trouvé excellents et qui m'ont séduite. Pour tout dire, ce roman m'a donné envie de lire les tomes suivants de cette nouvelle série, quand ils sortiront, mais également les "vraies" enquêtes de Nestor Burma, celles écrites par Léo Malet. 



Ma note : 17/20






Cette lecture rentre dans le cadre des challenges :












2 commentaires:

  1. Et bien c'est super ça, je n'avais jamais l’intention de lire un Burma un jour mais celui ci a l'air vraiment sympa du coup j'irais voir si je peux le trouver à la médiathèque un jour =)

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