Editeur : Le Livre de Poche
Parution : 21 mai 2014
Nombre de pages : 617
1922
Un fermier du Nebraska assassine sa femme avec la complicité de leur fils pour l'empêcher de vendre sa propriété à un éleveur de porcs.
Le début d'une véritable descente aux enfers dans un univers de violence et de paranoïa.
Grand Chauffeur
Un auteur de polar se fait violer sauvagement au bord d'une route. Rendue à moitié folle par l'agression, elle décide de se venger elle-même de l'homme et de son effrayante complice...
Extension Claire
Un homme atteint d'un cancer, fait un pacte faustien avec un inconnu : en échange d'un peu de vie, il vend un ami d'enfance dont il a toujours été jaloux pour souffrir (ô combien !) à sa place...
Bon Ménage
Une femme découvre par hasard qu'elle vit depuis plus de vingt ans aux côtés d'un tueur en série. Que va-t-il se passer maintenant qu'il sait qu'elle sait...
Un pur régal ! J'ai retrouvé ici le Stephen King que j'aime ! On trouve finalement très peu d'éléments fantastiques, dans ces quatre nouvelles (cinq si on compte la toute petite - mais costaud - nouvelle inédite inclue à la fin du recueil), mais ça n'empêche pas ces histoires d'être dérangeantes et de nous faire frémir. Car oui, ces nouvelles sont noires, très noires même, mais l'auteur sait nous embarquer et nous faire tourner les pages sans que l'on s'en aperçoive.
Celle qui m'a le plus angoissée, que j'ai trouvée la plus sombre, et qui est également la plus longue, c'est la première, 1922. Il s'agit d'une très longue confession, dans laquelle un fermier, qui a tué sa femme pour une histoire de terrain, nous raconte son histoire : le pourquoi et le comment de ce meurtre, et tout ce qui est arrivé ensuite.
Le talent de l'auteur, pour moi, réside dans la description des détails. Tout est si "visuel" ! Il nous dépeint une Amérique profonde, rurale, où les gens travaillent dur pour parfois vivre malgré tout dans la misère.
Dès le début, on sent que l'espoir n'a pas sa place dans cet univers et dans cette histoire. Quoi qu'il arrive, quoi que tentent les personnages pour s'en sortir, on a le sentiment que c'est peine perdue. Et il pèse une sorte de chape de plomb sur tout ce récit.
J'ai adoré cette histoire, malgré (ou peut-être à cause de) cette atmosphère pesante, parce que les personnages sont avant tout humains et que l'on sens que des événements de ce genre auraient très bien pu arriver - et c'est très possible que de telles choses soient réellement arrivées - tellement l'isolement de ces gens était grand à cette époque.
Bien sûr, l'auteur rajoute un ou deux éléments fantastiques, mais même là, il nous met le doute : est-ce que c'est vraiment arrivé ou n'est-ce que le fruit de la paranoïa et de la solitude du narrateur ?
En fait, le point commun de toutes ces nouvelles, ce qui les rend si fortes, si dérangeantes, c'est que les personnages sont comme vous et moi, au départ. Ce sont des gens ordinaires confrontés à des situations terribles. Et leurs réactions sont absolument et horriblement humaines.
A cet égard, la dernière nouvelle, la toute petite qui a été rajoutée après coup, A la dure, est tout à fait représentative du recueil. L'homme que l'on suit ici est confronté à un événement qui est tellement intolérable pour lui, qu'il se déconnecte totalement de la réalité, tout en gardant les dehors et le comportement d'une personne absolument normale et saine d'esprit. C'est ce décalage et le fait de se dire que cela pourrait arriver à n'importe qui, finalement, qui choque le lecteur et le laisse abasourdi à la fin.
Car le talent de l'auteur, ici, est de faire monter lentement la tension en nous donnant des indices infimes tout le long, pour nous préparer, en quelque sorte, et nous faire pressentir la vérité. Mais ce n'est que dans les dernières lignes que l'on a la confirmation de ce que l'on devinait sans oser y croire, et que toute l'horreur de la situation nous apparaît en pleine lumière.
Ma réaction, après avoir fini cette nouvelle, a été : "Wow ! Ah oui quand même ! C'est très fort !"
Mais celle qui m'a le plus troublée, c'est la 3e : Extension claire. Car c'est tellement humain, ce que fait le personnage principal, et tellement ignoble à la fois, que je me suis sentie coupable de le comprendre, d'une certaine façon. Et plus le récit avance, plus on se sent mal à l'aise et à la fois complètement fasciné face au déroulement des faits et à l'état d'esprit de cet homme.
Ce serait rassurant de ce dire que ce type est un monstre, mais non, le pire dans tout ça, c'est qu'au départ, c'était juste un homme qui ne voulait pas mourir.
Comme d'habitude, j'ai adoré la plume de Stephen King, j'ai adoré qu'il joue avec nos instincts les plus bas, les plus sombres, s'amusant à imaginer : "que se passerait-il s'il arrivait ceci ou cela à une personne tout à fait normale, à la base ?".
Comme dans la 2e nouvelle : Grand chauffeur, où une femme écrivain, tout ce qu'il y a de plus équilibrée, se change en justicière implacable et prête à tout à la suite d'un viol d'une violence inouïe. Là aussi, et d'autant plus parce que je suis une femme, j'ai compris sa réaction et j'ai été à 100% avec elle. L'auteur fait en sorte que l'on se sente en empathie totale, et que pas une seconde on ne se dise que quand même, ce n'est pas bien de se faire justice soi-même.
Je ne suis pas en train de dire que Stephen King fait l'apologie de l'auto-justice et de la loi du plus fort (d'ailleurs j'ai lu quelque part qu'il est contre le fait que les armes soient en vente libre, aux Etats-Unis, et que chacun puisse en avoir chez soi) !
Ce que je veux dire, c'est qu'il arrive à nous mettre à la place de cette femme, à nous faire ressentir ce qu'elle ressent et à nous faire comprendre "de l'intérieur" sa réaction.
J'ai trouvé ces 5 histoires extrêmement fortes, puissantes, dérangeantes et elles m'ont rappelé encore une fois pourquoi j'aime autant cet auteur depuis plus de 20 ans !
Conclusion : Un recueil excellent, qui m'a captivée du début à la fin et m'a secouée sans pour autant me terroriser. Rien de gore ou d'horrifique. Tout est beaucoup plus subtil que cela. Je recommande vivement !
Ma note : 18/20
1922Un fermier du Nebraska assassine sa femme avec la complicité de leur fils pour l'empêcher de vendre sa propriété à un éleveur de porcs.
Le début d'une véritable descente aux enfers dans un univers de violence et de paranoïa.
Grand Chauffeur
Un auteur de polar se fait violer sauvagement au bord d'une route. Rendue à moitié folle par l'agression, elle décide de se venger elle-même de l'homme et de son effrayante complice...
Extension Claire
Un homme atteint d'un cancer, fait un pacte faustien avec un inconnu : en échange d'un peu de vie, il vend un ami d'enfance dont il a toujours été jaloux pour souffrir (ô combien !) à sa place...
Bon Ménage
Une femme découvre par hasard qu'elle vit depuis plus de vingt ans aux côtés d'un tueur en série. Que va-t-il se passer maintenant qu'il sait qu'elle sait...
Ce que j'en ai pensé
Un pur régal ! J'ai retrouvé ici le Stephen King que j'aime ! On trouve finalement très peu d'éléments fantastiques, dans ces quatre nouvelles (cinq si on compte la toute petite - mais costaud - nouvelle inédite inclue à la fin du recueil), mais ça n'empêche pas ces histoires d'être dérangeantes et de nous faire frémir. Car oui, ces nouvelles sont noires, très noires même, mais l'auteur sait nous embarquer et nous faire tourner les pages sans que l'on s'en aperçoive.
Celle qui m'a le plus angoissée, que j'ai trouvée la plus sombre, et qui est également la plus longue, c'est la première, 1922. Il s'agit d'une très longue confession, dans laquelle un fermier, qui a tué sa femme pour une histoire de terrain, nous raconte son histoire : le pourquoi et le comment de ce meurtre, et tout ce qui est arrivé ensuite.
Le talent de l'auteur, pour moi, réside dans la description des détails. Tout est si "visuel" ! Il nous dépeint une Amérique profonde, rurale, où les gens travaillent dur pour parfois vivre malgré tout dans la misère.
Dès le début, on sent que l'espoir n'a pas sa place dans cet univers et dans cette histoire. Quoi qu'il arrive, quoi que tentent les personnages pour s'en sortir, on a le sentiment que c'est peine perdue. Et il pèse une sorte de chape de plomb sur tout ce récit.
J'ai adoré cette histoire, malgré (ou peut-être à cause de) cette atmosphère pesante, parce que les personnages sont avant tout humains et que l'on sens que des événements de ce genre auraient très bien pu arriver - et c'est très possible que de telles choses soient réellement arrivées - tellement l'isolement de ces gens était grand à cette époque.
Bien sûr, l'auteur rajoute un ou deux éléments fantastiques, mais même là, il nous met le doute : est-ce que c'est vraiment arrivé ou n'est-ce que le fruit de la paranoïa et de la solitude du narrateur ?
En fait, le point commun de toutes ces nouvelles, ce qui les rend si fortes, si dérangeantes, c'est que les personnages sont comme vous et moi, au départ. Ce sont des gens ordinaires confrontés à des situations terribles. Et leurs réactions sont absolument et horriblement humaines.
A cet égard, la dernière nouvelle, la toute petite qui a été rajoutée après coup, A la dure, est tout à fait représentative du recueil. L'homme que l'on suit ici est confronté à un événement qui est tellement intolérable pour lui, qu'il se déconnecte totalement de la réalité, tout en gardant les dehors et le comportement d'une personne absolument normale et saine d'esprit. C'est ce décalage et le fait de se dire que cela pourrait arriver à n'importe qui, finalement, qui choque le lecteur et le laisse abasourdi à la fin.
Car le talent de l'auteur, ici, est de faire monter lentement la tension en nous donnant des indices infimes tout le long, pour nous préparer, en quelque sorte, et nous faire pressentir la vérité. Mais ce n'est que dans les dernières lignes que l'on a la confirmation de ce que l'on devinait sans oser y croire, et que toute l'horreur de la situation nous apparaît en pleine lumière.
Ma réaction, après avoir fini cette nouvelle, a été : "Wow ! Ah oui quand même ! C'est très fort !"
Mais celle qui m'a le plus troublée, c'est la 3e : Extension claire. Car c'est tellement humain, ce que fait le personnage principal, et tellement ignoble à la fois, que je me suis sentie coupable de le comprendre, d'une certaine façon. Et plus le récit avance, plus on se sent mal à l'aise et à la fois complètement fasciné face au déroulement des faits et à l'état d'esprit de cet homme.
Ce serait rassurant de ce dire que ce type est un monstre, mais non, le pire dans tout ça, c'est qu'au départ, c'était juste un homme qui ne voulait pas mourir.
Comme d'habitude, j'ai adoré la plume de Stephen King, j'ai adoré qu'il joue avec nos instincts les plus bas, les plus sombres, s'amusant à imaginer : "que se passerait-il s'il arrivait ceci ou cela à une personne tout à fait normale, à la base ?".
Comme dans la 2e nouvelle : Grand chauffeur, où une femme écrivain, tout ce qu'il y a de plus équilibrée, se change en justicière implacable et prête à tout à la suite d'un viol d'une violence inouïe. Là aussi, et d'autant plus parce que je suis une femme, j'ai compris sa réaction et j'ai été à 100% avec elle. L'auteur fait en sorte que l'on se sente en empathie totale, et que pas une seconde on ne se dise que quand même, ce n'est pas bien de se faire justice soi-même.
Je ne suis pas en train de dire que Stephen King fait l'apologie de l'auto-justice et de la loi du plus fort (d'ailleurs j'ai lu quelque part qu'il est contre le fait que les armes soient en vente libre, aux Etats-Unis, et que chacun puisse en avoir chez soi) !
Ce que je veux dire, c'est qu'il arrive à nous mettre à la place de cette femme, à nous faire ressentir ce qu'elle ressent et à nous faire comprendre "de l'intérieur" sa réaction.
J'ai trouvé ces 5 histoires extrêmement fortes, puissantes, dérangeantes et elles m'ont rappelé encore une fois pourquoi j'aime autant cet auteur depuis plus de 20 ans !
Conclusion : Un recueil excellent, qui m'a captivée du début à la fin et m'a secouée sans pour autant me terroriser. Rien de gore ou d'horrifique. Tout est beaucoup plus subtil que cela. Je recommande vivement !
Ma note : 18/20
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