vendredi 25 novembre 2016

La Moïra, tome 1 : La louve et l'enfant

Auteur : Henri LOENVENBRUCK
Editeur : France Loisirs
Parution : Mai 2004 (pour cette édition) 
Nombre de pages : 441










Aléa, une jeune orpheline de treize ans, hérite sans le vouloir d'un don étrange et unique qui va la plonger au cœur des conflits politiques et religieux de l'île de Gaelia. Est-elle devenue le Samildanach, annoncé par la légende comme le sauveur des peuples de l'île ? Fuyant sa ville natale, Aléa va devoir grandir seule et assumer une vie nouvelle. Elle va découvrir l'amour comme la haine, et elle devra faire face à de nouveaux ennemis : les soldats de la flamme, fanatiques religieux pour qui elle est devenue un danger, le conseil des druides, qui lui envient son pouvoir et de bien plus sombres rivaux encore. Dans l'ombre, tel le reflet d'un miroir, une louve solitaire vit une aventure étrangement parallèle à celle de la jeune orpheline. Leur avenir est encore flou, mais une destinée unique attend la louve et l'enfant…











Ce que j'en ai pensé



Quelle belle découverte ! Je n'avais jamais lu auparavant de livres de cet auteur, et je suis bien heureuse d'avoir comblé cette lacune !


Aléa est une jeune orpheline de 13 ans, qui survit comme elle peut dans les rues de Saratea, son village natal, rejetée par tous. Un jour qu'elle erre tristement dans la lande entourant le village, elle trouve un cadavre portant au doigt une magnifique bague. Consciente de commettre une mauvaise action mais poussée par le désir d'embellir un peu sa vie, elle retire la bague du doigt du cadavre. Instantanément, la main du mort agrippe son poignet et le serre très fort, et Aléa ressent comme une étrange onde de choc. A partir de ce moment-là, sa vie va prendre un virage à 180°, et elle qui rêvait d'aventures, elle va être servie ! Elle va devenir la cible de puissances maléfiques, elle va se faire des amis, elle va devoir apprendre à se battre et à maîtriser le nouveau pouvoir qui est en elle, et faire face à un destin aussi merveilleux que terrifiant.

Je me suis tout simplement régalée ! Ce livre est de la fantasy comme je l'aime, avec de la magie, un groupe de personnes aux talents divers et aux personnalités plus diverses encore réunies autour d'un héros (ici, en l’occurrence, il s'agit d'une héroïne), des dangers, des secrets, de l'humour, de l'amour... Il y a tout cela et plus encore dans ce volume, et je ne me suis pas ennuyée une seule seconde en le lisant.

La plume de l'auteur est agréable, riche, poétique et dynamique à la fois, et l'intrigue, quoique pouvant paraître basique au départ, est en fait assez originale et surtout, suffisamment féconde en rebondissements pour captiver le lecteur de façon continue.

Ce que j'ai préféré, c'est le petit groupe qui se forme autour d'Aléa au fur et à mesure de ses pérégrinations. Elle fait d'abord la connaissance de Phélim, un druide, qui va la guider au fil de ses aventures, puis Mjolnn, un nain qui, depuis l'assassinat de son épouse vit au jour le jour. Après qu'Aléa l'a défendu contre des bannis, il décide lui-même de la protéger. Viendra ensuite Galiad, le Magistel de Phélim, c'est-à-dire son garde du corps, en quelque sorte, et enfin Faith, une barde, qui décide d'accompagner Aléa car elle a un motif personnel pour vouloir se venger des êtres aussi puissants que malfaisants qui poursuivent la jeune fille.

Tous ces personnages ont des caractères bien trempés et très différents et c'est cette diversité qui les rend si intéressants, mis tous ensemble. Les joutes verbales entre Galiad et Faith, notamment, apportent une touche d'humour, car on sent bien que leurs incessantes piques et bravades cachent une attirance mutuelle. Les bavardages incessants et la joie de vivre de Mjolln font également partie des aspects légers de ce roman. 

Les personnalités de Phélim et d'Aléa sont un peu plus réservées. Phélim, en sa qualité de druide, connaît énormément de choses, mais il n'en révèle que peu à Aléa, parlant beaucoup par énigme (ce qui énerve fréquemment la jeune fille), car il souhaite qu'elle découvre et comprenne les choses par elle-même. Malheureusement, la patience n'étant pas le point fort de la jeunesse, Aléa réagit souvent impulsivement à ce qu'elle croit comprendre, s'emporte ou s'enfuit au lieu de réfléchir et de faire confiance au vieux sage.
Néanmoins, elle mûrit et évolue beaucoup tout au long de ce premier tome, gagnant en autorité et en assurance, mais aussi en responsabilité et en culpabilité. En effet, chaque fois qu'une personne de son entourage souffre moralement ou physiquement, elle se sent responsable et pense que tout est de sa faute. Au final, ce personnage qui m'agaçait un tantinet au début de l'histoire de par son immaturité s'est transformée sous mes yeux pour devenir une vraie jeune fille responsable et courageuse.


J'ai bien aimé aussi tout l'aspect politique de cette histoire. Le fait que le Conseil des druides représente une autorité forte, dans ce monde, qu'ils soient organisés en une vraie hiérarchie, avec des rituels précis, et que leur parole soit respectée par le roi lui-même.
En fait, c'est eux qui régissent réellement le pays, à partir de leur forteresse située sur une presqu'île isolée et difficile d'accès.

Gaelia, l'île où se situe cette histoire (assez clairement apparentée à l'Irlande), est divisée en cinq comté. Et l'un d'eux est devenu chrétien, sous l'influence d'un certain Thomas Aeditus, qui a converti le comte de Harcourt et fondé une Université. De ce  fait, le comté est aux mains des Soldats de la flamme et est devenu l'ennemi des druides, du roi et de tout le reste de l'île. 

Et c'est dans ce climat politique assez tendu que refont surface (au sens propre comme au figuré) les Tuathanns, créatures qui peuplaient l'île depuis les origines et qui ont été massacrées et chassées par les habitants actuels à leur arrivée. Depuis des siècles, ils vivent dans le Sid, sorte de monde souterrain où le temps n'existe pas, et ils ne rêvent que de se venger et de reprendre ce qui leur a été volé, c'est-à-dire leur terre. Prenant les villageois par surprise, ils tuent hommes, femmes et enfants sans distinction, et regagnent en peu de temps tout un comté.

Le Conseil des druides, qui sait que leur colère et leurs exigences sont légitimes, décide donc qu'il est temps de composer avec eux et de négocier les termes d'une trêve.

On le voit, le contexte politique de ce premier tome est donc délicat et complexe, et j'ai trouvé que cela rajoutait encore de l'intérêt à l'histoire.

Au sujet des druides, d'ailleurs, on s'imagine toujours que ce sont tous de vieux bonshommes barbus et sages, qui ne pensent qu'au bien de la terre et à préserver l'harmonie de la nature. Eh bien ici, ils sont avant tout humains, avec leurs caractères, leurs envies, leurs peurs, et surtout, ils ne sont pas tous forcément gentils. Certains laissent leurs ego, leurs rancœurs ou leurs ambitions prendre le dessus et j'ai trouvé que c'était assez rare pour être souligné.


Enfin, il y a l'aspect "féerie", qui m'a énormément plu. Car si je n'ai pas tout à fait compris comment fonctionnait la magie des druides, le Saîman, et donc que ce côté-là m'a laissée un peu de marbre, il reste que tout le côté "peuple féerique" "magie des éléments", de la nature, et surtout celle cachée au cœur des forêts, m'a fascinée, charmée et émerveillée. Les passages dans lesquels nos héros découvrent ce monde-là sont empreints d'une poésie et d'une beauté extraordinaires.

Et la louve, dans tout ça ? Oui, parce qu'on a bien compris que "l'enfant" du titre, c'était Aléa, mais qu'en est-il de la louve ? Elle s'appelle Imala et nous allons suivre son histoire et ses (més)aventures, en parallèle de la trame principale, et ce n'est qu'à la toute fin que son chemin va enfin croiser celui d'Aléa. Je suppose donc que c'est dans les tomes suivants qu'elles vivront leurs aventures ensemble.


Au final, si je ne devais trouver qu'un seul point négatif à ce livre, je dirais que ce sont les passages où les personnages pensent et analysent les paroles d'autres personnages, et qu'ils décryptent au fur et à mesure pour le lecteur ce qui est sous-entendu, ce qu'il faut comprendre en réalité au-delà des mots qui sont prononcés. J'ai trouvé ce procédé un peu grossier, dans le sens de "enfantin". Et j'avais un peu plus l'impression de lire de la fantasy jeunesse, dans ces moments-là.


Mais ce n'est vraiment qu'un détail, je chipote, car j'ai passé un très bon moment avec ce livre, et j'ai hâte de lire la suite !


Conclusion : Un très bon début de série ! De la fantasy comme je l'aime, une plume efficace et agréable, une histoire passionnante, des héros sympathiques, des dangers, de l'aventure, de la magie... Que demander de plus ? Si vous ne connaissez pas encore, n'hésitez plus, lancez-vous !


Ma note : 18/20







Lu dans le cadre du challenge :










5 commentaires:

  1. J'avoue que quand j'avais tenter de la lire la toute première fois le tout début m'avait un peu énervé comme tu le dis à la fin, entre ça et les histoires de loups qui ne menaient nulle part, j'ai du lire 20 pages avant d'abandonner.
    Bon c'était il y a des années et à l'époque je cherchais une lecture plus adulte donc ce n'était pas du tout le bon moment pour lire cette histoire ^^

    Je pense que je vais mettre cette trilogie en tête de mes lectures à débuter en 2017 :P

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  2. Je ne connaissais pas du tout, je vais essayer de le trouver car ce que tu en dit me tente vraiment. J'aime beaucoup la fantasy et cet auteur ne me parle pas. Vite, il faut que je comble cette lacune !

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  3. Ah celle-là c'est une de nos séries phares ! La suite est tout aussi bien :D
    A bientôt

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  4. Ah tu me donnes envie de la relire !!! <3

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    1. Ah ah ! Ça veut dire que j'ai réussi ma chronique, alors ! ;-)

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