dimanche 22 avril 2018

Memnoch le démon

Auteur :  Anne RICE
Editeur : Pocket (Terreur)
Parution : 2000
Nombre de pages : 449






Vampire impie, ivre d'amour, de sensualité et de métaphysique, Lestat cherche dans les rues enneigées de New York Dora, une jeune prédicatrice aussi belle que charismatique. Fille d'un des gros bonnets de la drogue, elle est peut-être, n'ayons pas peur du mot, une... sainte.

Déchiré entre ses appétits vampiriques et sa passion débordante pour la jeune femme, Lestat ne se préoccupe pas autant qu'il le devrait de cette étrange impression d'être observé. Et se trouve bientôt confronté aux adversaires les plus énigmatiques qu'il ait jamais connus.

















Ce que j'en ai pensé


J'ai lu ce livre deux fois, dans ma vie. Une première fois il y a environ quinze ans, et une deuxième fois il y a un mois. Ma première lecture avait été très laborieuse. Je me souviens m'être énormément ennuyée, il m'avait fallu une grande persévérance pour arriver au bout et je m'étais demandée ce qui avait pris à Anne Rice de partir dans cette direction après les chef-d'oeuvres qu'étaient les premiers tomes de cette série.

Alors pourquoi avoir voulu me replonger dedans, quinze ans après ? Tout simplement parce que j'ai voulu continuer la série en lisant Armand le vampire, mais que ce tome commence juste après la fin de Memnoch le démon, et que, même si cela ne gênait pas ma compréhension de l'histoire, cela m'embêtait beaucoup de ne plus me rappeler pourquoi les personnages en étaient où ils en étaient. Car en effet, je ne me rappelait plus rien du tout des événements survenus dans Memnoch le démon. Et puis c'était l'occasion de vérifier si ce livre était vraiment si ennuyeux que dans mon souvenir.

La réponse est clairement "non", mais il n'est pas non plus aussi palpitant ni aussi facile à lire que les tomes qui le précèdent.

Tout d'abord, je pense qu'il y a toute une partie qui aurait largement pu être supprimée - ou du moins raccourcie - sans que l'intrigue en pâtisse le moins du monde : c'est toute la partie, au début, où le fantôme de Roger - le bandit richissime que Lestat vient de tuer et qui se trouve être le père de Dora, la jeune prédicatrice qui obsède Lestat -, lui apparaît pour lui demander de protéger sa fille. Mais au lieu de lui demander ça et de disparaître, il lui raconte toute sa vie, en détails, et notamment comment lui est venue sa passion pour les objets religieux, dont il possède une collection faramineuse. 

Alors déjà que le récit de sa vie n'était pas hyper passionnant, en plus, il commence à raconter trèèès longuement comment il a découvert et s'est pris d'adoration pour plusieurs livres écrits par un religieux, au moyen-Âge, qui a été ensuite condamné pour hérésie à cause de ces livres et de leur caractère licencieux. Roger a voué toute sa vie un véritable culte à ces sept livres, et quand il en parle, il est intarissable. Le problème, c'est que cela n'a aucun intérêt pour le lecteur ! On a bien compris que ces livres étaient précieux pour lui, mais cela n'apporte rien à l'histoire, et je n'ai pas compris pourquoi l'auteure y passait autant de temps.

Ensuite, vient la partie principale du roman, celle où Memnoch (c'est-à-dire le Diable), vient proposer à Lestat de devenir son assistant, en quelque sorte, pour lutter contre Dieu. Mais pas parce qu'il est méchant, non. Il explique à Lestat que lui seul se préoccupe réellement des Hommes, que ce soit avant ou après leur mort, alors que Dieu, lui, est indifférent à leur sort. Et pour le convaincre, il se met à lui raconter son histoire, l'histoire de son désaccord avec Dieu, du Commencement de l'Univers jusqu'à maintenant.

Nous assistons donc, en même temps que Lestat, à la naissance de notre Système Solaire, puis à toutes les étapes de l'Évolution, que Memnoch appelle les "Grandes Révélations". Et à chaque étape, il y a des choses qui vont étonner Memnoch, voire le choquer. Et chaque fois, il va interroger Dieu sur le pourquoi de ces choses. Dieu n'aime pas trop qu'on mette ainsi en doute Sa sagesse, mais comme il est Amour, il pardonne tout le temps à Memnoch. Jusqu'au jour où Memnoch ira trop loin, lui montrera trop son désaccord, prendra trop fait et cause pour les Hommes, et où Dieu le punira en le condamnant à s'occuper d'eux, puisqu'il les aime tant. Et la tâche de Memnoch consistera à aider les âmes des morts à accéder au Paradis, en se purifiant de tout ce qu'il y a de mauvais en elles, et en apprenant à aimer Dieu et toute son Oeuvre, sans restriction.

Donc ce que nous appelons Enfer, n'est en réalité qu'une sorte de Purgatoire, une "École" où les âmes sont "rééduquées" pour pouvoir accéder au Paradis. Et le but ultime de Memnoch, en tout cas, d'après ce qu'il dit à Lestat, c'est que toutes les âmes aillent au Paradis, prouvant ainsi à Dieu que c'est lui qui a raison et que les Hommes méritent cette félicité éternelle. 

Car d'après Memnoch, il n'y a que lui qui croit en eux, qui croit qu'ils sont au-dessus des animaux et ne font pas partie de la Nature. Pour Memnoch, le fait que leur "esprit" ne retourne pas au néant après leur mort physique, contrairement à ceux des plantes et des animaux, cela prouve qu'ils sont faits "à l'image" des anges, qu'ils en sont plus proches que des animaux. Et qu'à ce titre, ils méritent d'être accueillis au Paradis. Alors que pour Dieu, au contraire, les instincts bestiaux et les comportements des Hommes montrent qu'ils ne sont pas différents des animaux. Et qu'à ce titre, Il ne doit pas intervenir et laisser faire la Nature.

Voilà le grand point de désaccord entre Memnoch et Dieu, et s'il veut que Lestat l'aide, c'est que son travail est énorme, mais qu'il sent qu'il est en train de gagner la bataille, car de plus en plus d'âmes vont au Paradis. 

Mais Lestat peut-il lui faire confiance et croire à tout ça ? Après tout, le Diable est le Roi des menteurs... En tout cas, ce qui est sûr, c'est que tout cela va profondément ébranler notre vampire. 

Quant à moi, j'ai trouvé le récit de Memnoch réellement passionnant, même si cette lecture m'a demandée des efforts certains de concentration pour tout appréhender. En effet, les nombreux doutes et questionnements de Memnoch, ainsi que ses points de désaccord avec Dieu, étaient parfois assez subtils et difficiles à comprendre clairement. Et je pense que si on ne s'intéresse pas un tant soit peu à la théologie, on ne peut pas apprécier ce roman. 

Ce qui m'amène à la question suivante : quel a été le but d'Anne Rice en écrivant ce tome ? Car si j'ai vraiment apprécié cette seconde lecture, je me demande quand même ce que cette histoire vient faire dans les Chroniques des vampires. En effet, il n'y est quasiment pas question de vampires ici, cela n'apporte aucun éclairage supplémentaire au "statut" des vampires, théologiquement parlant, et les différentes intrigues des tomes précédents sont complètement mises de côté. Alors à moins que tout cela n'ait eu pour seul but de préparer le tome sur Armand - ce qui ferait un peu "too much" quand même -, je ne saisis pas bien le but de l'auteur. Peut-être qu'elle a juste eu envie de se faire un méga trip sur ce sujet...

Mais du coup, je comprends pourquoi tant de personnes ont détesté ce tome et ont même abandonné la série à partir de là.

Pour ma part, il se trouve que je m'intéresse à toutes ces questions et que, quinze ans après, je pense avoir acquis  la maturité nécessaire - qui m'avait fait défaut à l'époque, je pense - pour apprécier cette lecture. C'est pourquoi j'en suis ressortie, bien qu'assez dubitative sur la raison d'être de ce récit, plutôt satisfaite. Il faut dire aussi que la plume d'Anne Rice, toujours aussi riche et puissamment évocatrice, m'a encore une fois embarquée et séduite, me rendant plus indulgente pour les défauts du roman.


Conclusion : Une lecture exigeante mais intéressante, quoique non exempte de longueurs, qui plaira surtout aux personnes qui s'intéressent à la théologie et à la "mythologie" chrétienne. Par contre, si vous recherchez de l'action et la suite des aventures des vampires que nous suivons depuis le début de ces Chroniques, vous risquez d'être très déçus.


Ma note : 15/20 



Cette lecture rentre dans le cadre des challenges :




















4 commentaires:

  1. Tant mieux si il t'as plus plu, je pense en effet que l'auteur a voulu faire un tome plus "cérébral) et même si la suite lointaine (les derniers sortis) apportent une "réponse" à l'utilité de ce tome ci, je ne pense pas qu'elle l'avait vraiment prévu comme ça au départ xD

    RépondreSupprimer
  2. moi perso, j'ai arrêté la série avec Lestat le vampire. je n'ai jamais repris. J'ai lu récemment prince lestat et cela ne m'a pas plu plus que ça.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah oui c'est sûr que si tu n'as pas aimé Lestat le vampire, c'est que cette série n'est pas faite pour toi, vu que c'est le meilleur tome, avec le suivant, La Reine des damnés. Merci pour le commentaire. :-)

      Supprimer
  3. Aussi incroyable que ça puisse paraître, et alors que je suis une grande amatrice du genre, je n'ai toujours pas lu un seul livre de l'autrice. Il faudrait que je m'y mette, mais trop de livres, pas assez de temps, tout ça...

    RépondreSupprimer

N'hésitez pas à laisser un petit mot, ça fait toujours plaisir ! :-)