jeudi 21 avril 2016

Rougemuraille - La Forteresse en péril

Auteur : Brian JACQUES
Editeur : Mango Jeunesse
Parution : Mai 2004
Nbre de pages : 497


Rougemuraille est une série de fantasy animalière créée par Brian Jacques en 1986.


L'histoire :
Au cœur de la forêt de Mousseray, il existe une abbaye du nom de Rougemuraille. Cette abbaye fut fondée il y a bien longtemps par Martin le Guerrier et ses amis après que celui-ci libéra Mousseray d'une terrible chatte sauvage nommée Tsarmina. Le château de Castelfelis, demeure de la Reine aux Yeux Multiples, se tenait autrefois à l'endroit même où fut fondée Rougemuraille. Depuis, l'esprit de Martin le Guerrier veille sur l'abbaye. Ses habitants, frères, sœurs ou laïcs, vivent en paix. Mais la paix est souvent bouleversée par de nombreuses vermines qui convoitent l'abbaye ou d'autres biens...

Le monde de Rougemuraille :
Les personnages de Rougemuraille ne sont pas des humains mais des souris, musaraignes, campagnols, rats, loutres, hermines, fouines, blaireaux, lièvres, renards, taupes, furets… Cette histoire se passe dans un monde différent du nôtre. Les proportions des tailles des espèces que nous connaissons sont totalement différentes. La notion de temps y est aussi différente. L'époque n'est pas spécifiée, bien que l'influence médiévale y soit très présente.
                                                                                                     (Wikipédia)





4e de couverture de ce tome :

En ce début de printemps, le blaireau Pattedepierre se sent aussi vieux que la montagne sur laquelle il règne. Il est inquiet aussi. Car depuis quelques jours, couvrant de son ombre la montagne de Salamandastron, le sinistre présage de terribles maux pèse sur la terre et les eaux... En effet, à quelques lieues de là, le terrible Tranchkol Perceboyaux, entouré de ses hordes de rats au pelage bleu, est bien décidé à s'emparer de la légendaire forteresse des Seigneurs blaireaux. Mais, pour la défendre, il n'y a plus qu'une petite troupe de lièvres ployant sous le poids des saisons... Et, c'est le cœur joyeux, bien loin de se douter du drame qui se noue, qu'un valeureux blaireau et une jeune hase aussi belle qu'effrontée décident de faire route ensemble vers la forteresse.





Ce que j'en ai pensé



La paix régnait depuis des années sur la montagne-forteresse de Salamandastron et ses environs, gouvernés par le sage et honorable seigneur-blaireau Pattedepierre. Mais un jour, Tranchkol Perceboyaux, cruel chat sauvage assoiffé de conquêtes surgit avec ses hordes innombrables de vermines (rats, furets, hermines...) au pelage teint en bleu, et son conseiller-magicien, un renard estropié et ratatiné.

Malheureusement, la contrée étant un peu trop tranquille à leur goût, tous les jeunes et robustes lièvres sont allés chercher l'aventure aux quatre coins du pays, et il ne reste plus pour défendre la place forte que quelques fidèles - mais vieux - lièvres bagarreurs. Par conséquent, malgré une résistance héroïque, Pattedepierre et ses trop maigres troupes sont submergés par le nombre, et la forteresse tombe aux mains de l'ennemi.

Une poignée de lièvres sont faits prisonniers tandis que Pattedepierre et ses plus proches guerriers - qui sont également ses amis dévoués - se réfugient dans les sous-sols de la montagne, creusés de grottes.

Mais, avant le début des hostilités, Pattedepierre avait eu le temps d'envoyer en mission son plus vieil ami Vifagile (qui lui servait également de conseiller et majordome personnel), l'implorant de trouver du renfort, de retrouver les jeunes lièvres et de ramener le plus de monde possible pour organiser la défense. Vifagile part donc à la recherche de troupes de secours et dans sa quête, il va effectivement rencontrer et réussir à entraîner à sa suite  beaucoup de monde .

De l'autre côté du pays, Blairfeuillus, le fils de Pattedepierre, se dirige vers Salamandastron, sans se douter de la situation désespérée dans laquelle se trouve son père. Il rencontre sur son chemin Finette, une jeune et belle hase, qui va aussi à la forteresse rejoindre sa tante, qui y est cuisinière.
Se liant tout de suite d'amitié, ils décident de cheminer ensemble. Plus tard, ils apprendront ce qu'ils s'est passé sur la montagne de Pattedepierre, et Blairfeuillus aura encore plus hâte d'y arriver pour reprendre la forteresse au chat sauvage. Se joindront petit à petit à eux une foule de sympathiques personnages hauts en couleurs.

Dans ce récit, nous allons donc suivre les péripéties de quatre groupes de personnages : Pattedepierre et ses fidèles lièvres, Vifagile dans sa recherche de renforts, Blairfeuillus et Finette dans leurs aventures sur la route vers Salamandastron, et les "méchants", les envahisseurs, qui veulent rester maître de la montagne coûte que coûte.


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Je dois dire tout de suite que j'ai été très agréablement surprise par ce tome, qui est, pour moi, bien supérieur à Cluny le Fléau, sur plusieurs points.

Le premier point étant la maturité du style. Honnêtement, j'ai été sidérée par le changement qui s'est opéré entre les deux volumes. Mais quand on y pense, c'est assez logique, car même si, chronologiquement parlant, La Forteresse en péril est le 1er tome de la série, ce n'est en fait que le 13e a avoir été écrit, 14 ans après le premier livre (qui est Cluny le Fléau) et ça se ressent! 

Dans Cluny le Fléau, on ne peut pas oublier que c'est un livre "jeunesse", car le style est assez simple et naïf.
Ici, le lecteur adulte y trouve son compte et parvient à se laisser embarquer complètement par les rebondissements et les péripéties.

De même, les passages sombres ou graves sont beaucoup plus nombreux et l'auteur n'hésite pas à faire mourir ses personnages quand c'est nécessaire.
Pour autant, ce n'est pas du tout un roman triste ni désenchanté. Bien au contraire! Il y a énormément de joie, d'humour, de rires, de chants, de danses...

Le deuxième point fort de ce roman, ce sont les personnages. Malgré la multitude de protagonistes ayant un rôle important dans ce récit, chacun a une personnalité bien à lui, qui se démarque nettement des autres, ce qui fait qu'on ne peut pas les confondre.

Mieux encore : l'auteur (et les traducteurs, à qui je tire mon chapeau sur ce coup-là) arrive à faire parler chaque espèce d'animaux avec leur propre accent, leurs propres tics de langage et à faire ressortir tout ça par l'écriture, ce qui n'a pas dû être une mince affaire!

De même, chaque espèce a des traits de caractère, des qualités, des défauts, des comportements spécifiques différents des autres et décrits en détails, mais toujours au sein du récit, imbriqués dans l'action, presque sans jamais de descriptions pures.

Et pourtant, elles sont nombreuses, ces espèces! Du côté des méchants : des rats, des furets, des hermines et des renards. Sans parler du chat sauvage! 

Du côté des gentils, il y a les blaireaux, les lièvres, les écureuils, les hérissons, les taupes, les musaraignes, les loutres (de mer et d'eau douce) et un héron.

Et ce qui est vraiment frappant et formidable, dans le camp des alliés du blaireau, c'est les liens d'amitié et de solidarité qui se nouent entre tous ces animaux unis pour une juste cause. On ressent très fortement la camaraderie, l'entraide, le sens de l'hospitalité, la générosité, l'altruisme, qui peut même aller jusqu'au sacrifice de sa vie si cela peut sauver celle de ses amis. L'ambiance qui règne est réellement chaleureuse et bon-enfant, malgré quelques querelles sans gravité inévitables quand tant de personnes issues de milieux très différents voyagent et vivent ensemble pendant plusieurs semaines. 
Ce point-là est une vraie force dans ce roman, car il nous rend les personnages très attachants, condition nécessaire pour ressentir de l'empathie et donc se sentir impliqué. 
De plus, cela va être déterminant pour le dénouement de l'histoire, donc je pense que l'auteur a appuyé volontairement cet aspect-là.

Quand on parle d'hospitalité, on pense forcément aux repas et là, on touche à un thème cher à l'auteur, car les passages où il est question de nourriture, de victuailles, de préparation de repas, de festins, etc, sont innombrables. Non seulement ces animaux adorent manger - surtout les lièvres, qui sont décrits comme de vrais ventres à pattes, quasiment insatiables - mais ils prennent aussi un plaisir immense à cuisiner, et l'on assiste à un défilé de plats et de pâtisseries tous plus appétissants les uns que les autres. Un vrai régal! Ou une torture si l'on a faim...

Et justement, c'est le cas des hordes bleues, les assaillants qui se retrouvent rapidement assiégés et affamés dans la forteresse et qui rêvent de se mettre quelque chose sous la dent.

Par ce contraste qui est très net, nous avons ici un des principes fondamentaux de l'art de la guerre, tant il est vrai que les privations ou la satisfaction digestives influent grandement sur le moral et la motivation des troupes.
En cela aussi, ce roman est très bien pensé et construit. 

A ce sujet, je soulignerai d'ailleurs le talent de l'auteur pour la façon dont il a  orchestré son histoire, car malgré une apparente joyeuse pagaille et plusieurs fils rouges qui s'entrecroisent, tout finit par s'imbriquer parfaitement pour arriver à l'aboutissement logique de l'aventure.

Enfin, le dernier mais peut-être le plus important point qui rend ce récit si captivant, c'est que l'on ne s'ennuie pas une seule seconde! L'action est omniprésente, les dialogues sont nombreux et très vivants, les scènes de bagarre ou de bataille extrêmement précises et visuelles.


En ce qui concerne les points négatifs, je n'en ai trouvé que deux minuscules, et qui sont plus des erreurs d'inattention (que les correcteurs auraient dû réparer). 
En effet, à plusieurs reprises, le nom de Blairfeuillus a été mis à la place de celui de son père, Pattedepierre, alors qu'ils étaient séparés par la moitié du pays et que Blairfeuillus ne pouvait absolument pas se trouver à cet endroit à ce moment-là. Cela s'est produit suffisamment de fois pour que je le relève.
Ensuite, il y a un moment où un personnage assez important est tué, et où il est dit très clairement qu'il meurt et tombe même dans le vide, et trois lignes plus loin, il est là, bien vivant, continuant à se battre auprès de ses camarades, et reste vivant jusqu'à la fin du livre.
Pour moi, ce genre d'incohérence est inadmissible dans un livre qui a été non seulement traduit, mais a dû en principe être corrigé.

Je tenais à signaler ces deux défauts, mais ils restent néanmoins des détails par rapport à l'ensemble de l'ouvrage qui est plus que satisfaisant.


Conclusion : Un très bon roman jeunesse, captivant, palpitant, attachant, qui fait passer du rire aux larmes, en un mot : passionnant! Et qui peut plaire à tout âge!


Ma note : 18/20






Lord Blairfeuillus




Lord Blairfeuillus et Tranchkol Perceboyaux






2 commentaires:

  1. Cette saga m'intrigue énormément ! J'aime beaucoup le résumé, mais j'avais un peu peur que le fait que ce soit avec des animaux, ça rende les choses un peu moins intéressantes. Mais ta chronique me confirme que je devrais me laisser tenter :)

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    1. Oh non! Le fait que ce soit des animaux n'enlève rien à l'intérêt de cette histoire! Personnellement, je te recommande cette série, mais j'ai lu deux avis de personnes qui n'avaient pas du tout aimé ce tome, sur Babelio. Si tu le lis, tu me diras ce que tu en penses... ;-)

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