dimanche 28 janvier 2018

Le Front russe

Auteur : Jean-Claude LALUMIÈRE 
Editeur : Le Livre de Poche
Parution : 1er février 2012
Nombre de pages : 209











"- On vous envoie sur le front russe ! C’est vache pour un nouveau. Je n’avais pas envie de discuter de cela avec lui.
- Pouvez-vous simplement me dire où cela se trouve ? insistai-je.
- C’est dans les nouveaux quartiers, juste derrière la gare d’Austerlitz." J.-C. L.


Qui veut voyager loin passe un concours du ministère des Affaires étrangères. Mais le quai d'Orsay n'est pas toujours un quai d'embarquement et le narrateur se retrouve dans un obscur service, le « Bureau des pays en voie de création- Section Europe de l’Est et Sibérie »…













Ce que j'en ai pensé



J'ai eu ce livre gratuitement, lors d'une opération "2 livres de poche achetés, 1 offert". Ne sachant pas trop quoi choisir dans le panel proposé assez réduit, j'ai pris celui-là, me disant qu'il avait l'air sympa et pourrait s'avérer drôle.

Et de fait, ce fut une lecture agréable, mais qui ne restera pas non plus dans les annales.

Au début du roman, le narrateur - dont je ne suis pas sûre que l'on connaisse le nom, en tout cas, je ne m'en souviens pas - nous parle de son enfance et de sa fascination pour les photos et les articles des magazines Géo que son oncle lui donne de temps en temps. Tous ces paysages et ces lieux étranges et exotiques le font rêver, et il décide donc que plus tard, il fera un métier qui lui permettra de voyager.

Et c'est dans ce but qu'il passe le concours pour entrer au ministère des Affaires étrangères, pensant ainsi se retrouver en poste dans une ambassade, peu importe laquelle du moment que c'est à l'étranger. Aussi, quelle n'est pas sa déception en recevant sa lettre de nomination, puisqu'il est affecté au Quai d'Orsay, dans le VIIe arrondissement de Paris.
Et comme si cela ne suffisait pas, il provoque dès son arrivée et sans le vouloir la colère - je dirais presque la haine - du chef du bureau du personnel, responsable des affectations, et se retrouve immédiatement expédié au "bureau des pays en voie de création, section Europe de l'Est et Sibérie", surnommé Le Front russe, seul bureau délocalisé dans le XIIIe arrondissement et où personne ne veut aller.

Humilié dès son premier jour, et assez inquiet de ce qui l'attend, le narrateur se rend donc sur son nouveau lieu de travail, où il comprendra assez vite pourquoi ce bureau a si mauvaise réputation.

L'équipe est constitué d'un chef qui perd un peu les pédales, se croyant en guerre et à la tête d'une unité de soldats et ne parlant qu'en termes militaires, d'un employé dont la passion est le classement, mais qui ne remplit aucune des missions qui ont été confiées à ce bureau - raison pour laquelle on ne leur en confie plus depuis longtemps -, de deux secrétaires et d'un informaticien.

Cette équipe s'avère néanmoins accueillante et chaleureuse, et il s'y sent assez vite à l'aise, nouant des liens amicaux avec ses collègues - et même amoureux avec une des deux secrétaires.

Motivé et ambitieux, le narrateur met tout en oeuvre pour restaurer la réputation de ce service, envoie des courriers expliquant que le service est à nouveau opérationnel et qu'on peut donc compter sur eux pour de nouvelles missions, etc.

Et cela fonctionne ! Il reçoit des délégations d'obscurs pays de l'Est, leur faisant visiter Paris, les accompagnants pour les visites officielles, et malgré un incident qui aurait pu être très grave diplomatiquement (et aurait pu lui coûter sa place, bien qu'il n'en soit pas directement responsable) mais qui, par un heureux malentendu, a finalement ravi la délégation et s'est très bien terminé, tout se passe bien pour lui.

Il se démène tant et si bien qu'il finit par se faire remarquer par le chef d'un autre service, qui lui propose un poste. Et le voilà enfin sorti du Front russe ! Hélas, ce personnage n'a vraiment pas de chance, et malgré toute son intelligence et sa bonne volonté, rien ne se passe comme prévu, des concours de circonstance tels qu'en réserve souvent la vie se liguent contre lui, et si on rajoute à cela la rancune et la méchanceté humaine, il se retrouvera finalement à la case départ, désabusé, ayant perdu tous ses espoirs et ses illusions, résigné à une vie ainsi qu'une carrière mornes et ternes.

Il est écrit sur la 4e de couverture qu'il s'agit d'une réécriture des Illusions perdues, de Balzac, ce qui ne m'étonne pas, et peut expliquer pourquoi ce n'est pas d'une folle gaieté, malgré une certaine auto-dérision ironique.

Le style est très littéraire, mais sa modernité, le rend totalement accessible et fluide.

Tout au long du roman, le ton du narrateur est assez désabusé et doux-amer, ce que l'on peut aisément comprendre au vu de tous ses déboires, mais également assez froid et comme détaché.

Malgré cela, les maladresses et la naïveté du personnage principal (et narrateur), racontées sur un "humour désabusé" le rendent très attachant et on se surprend à sourire fréquemment à la lecture de son histoire, notamment à cause de l'absurdité de l'univers administratif  qu'il nous décrit. Et puis on a un peu pitié de lui car il ne mérite vraiment pas tout ce qui lui arrive. 

Le roman ne se termine pas sur une note très gaie, mais ce n'est pas triste non plus.
C'est juste le constat amer d'une vie morne et sans passions d'un homme qui a perdu toutes ses illusions et ses ambitions, à force de malchance et de bâtons dans les roues mis par des fonctionnaires aigris et revanchards.

On est pris de compassion pour le narrateur qui était plein de bonne volonté et avait un bon potentiel pour réussir, au départ, mais qui se retrouve broyé par la machine administrative et le jeu des pouvoirs.


C'est plaisant à lire et même souvent amusant, mais laisse un goût amer et désabusé.


Conclusion : Un roman bien écrit, agréable à lire, et souvent drôle, mais un peu cruel et amer.  


Ma note : 14/20




Cette lecture rentre dans le cadre des challenges :




(eh oui, je l'ai lu en 2017)




2 commentaires:

  1. Ce n'est pas vraiment mon truc mais je suis sure que ça peut plaire à pas mal de monde :P

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  2. Le résumé m'aurait bien tentée, mais à la lecture de ta chronique, je ne suis pas sûre d'adhérer (En plus, comme de base, j'ai du mal à apprécier Balzac, l'idée d'une réécriture ne me botte pas forcément)

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